vendredi 31 août 2007

De quelles manières les agriculteurs de Saint Etienne de Montluc et ses environs sont-ils concernés par le projet d’aéroport du Grand Ouest ?

D'Eric Souffleux, un lecteur de Ouest-France de Saint Julien de Concelles :

«Depuis quelques mois, sur la commune de Couëron, je parti­cipe à un groupe de travail sur l'agriculture. Un couple produc­teur laitier désire quitter la com­mune pour une autre plus au nord et éloignée de l'agglomération nantaise. Ce départ libère sur la commune de Couëron plus d'une centaine d'hectares. Cette com­mune a pris l'initiative de consti­tuer un groupe de travail pour débattre du devenir des terres. C'est vraiment quelque chose d'intéres­sant car tous les agriculteurs de la commune peuvent participer à ce groupe d'échanges, ainsi que les jeunes agriculteurs, dont je suis. Le travail mené au cours de ces derniers mois a abouti à un consensus profitable à l'installa­tion de cinq jeunes agriculteurs (deux projets laitiers, un projet mouton, un projet équin et un projet maraîcher, le mien en l'occur­rence) et à la consolidation d'une dizaine d'autres exploitations. Ce genre de consensus est plutôt rare !

«Au cours de la dernière réunion, mardi 19 juin, avec la parti­cipation d'une personne repré­sentant la Direction départemen­tale de l'Agriculture (DDA), nous avons tous été surpris d'ap­prendre que tout le travail effectué pouvait tomber à l'eau à cause du projet d'aéroport à Notre Dame ­des Landes. Pourquoi l'agricul­ture sur la commune de Couëron serait-elle impactée ? La raison est que le futur aéroport va supprimer 1 200 hectares de surfaces culti­vées aujourd'hui par quelques di­zaines d'agriculteurs. Le choix a été fait de les dédommager, pour ceux qui veulent continuer, en leur donnant la priorité d'accès aux terres qui se libéreraient dans les communes limitrophes. La DDA, mais également la Safer, vont avoir pour mission dans les mois à venir de constituer un pool de terres qui pourront être distri­buées aux exploitants lésés par l'aéroport.

« La conséquence de cette politique, somme toute logique, est que les jeunes agriculteurs ne sont plus prioritaires à l'installa­tion dans tout le nord ouest de la région nantaise. Cette volonté liée au futur aéroport va à l'encontre de la volonté de Nantes Métropole de dynamiser l'agriculture périur­baine et à l'encontre du schéma départemental agricole qui donne la priorité aux jeunes. Nous sommes tous pris de court et pour dire clairement les choses, c'est décourageant!

« Me sentant concerné par le ré­chauffement de la planète, je suis un opposant naturel à tout ce qui peut concourir à aggraver le phé­nomène. Et assurément, un nou­vel aéroport n'est pas une bonne nouvelle. Aujourd'hui nous découvrons encore une consé­quence fâcheuse de ce projet inutile, nuisible et irresponsable.

Quand est-ce que nos décideurs et ceux qui les élisent compren­dront qu'on ne pourra pas diviser par quatre nos émissions de gaz à effet de serre si, dans le même temps, on fait tout pour nous inci­ter à émettre davantage? Nous commençons déjà à payer l'addi­tion avec la météo complètement folle de ce printemps et nos en­fants n'en verront jamais la fin.»